Albert-Marie : un artisan des mots

LETTRE A IMENE

Dole (Jura). La Passerelle des Poètes.

LETTRE  A IMÈNE

(Préface de "Rue du Val d'Amour")

La dédicace que je te fais de ce dix-huitième e-book découle avant tout d’une  raison « logique » : tu es jeune professeur de français en Algérie, tu achèves brillamment des études de linguistique dont tu m’as fait plus que la confidence ; alors j’en saisis l’occasion pour te destiner un cadeau littéraire, somme toute ardu, puisque fréquemment sillonné de jeux de mots, de musiques avec ces mots – le tout absolument intraduisible dans aucune langue...Telle est, du moins, la nature de bien de mes quatrains. Aussi t’écris-je dans la formule initiale de dédicace que certains de mes mots te seront utiles au fil des ans et des événements proches. Abstraitement, cette projection concerne les prophéties que je cite ou dont je fais allusion ; concrètement, elle vise à te voir priser, un jour, ces jeux de mots et de musique avec des procédés que je déploie et qui exigent une connaissance experte de la langue française.

Nonobstant qu’ à la prise en écriture de cette « Rue du Val d’Amour » je n’avais aucune intention de te la  dédier  ;  il  appert  qu’au  long  de  la  portée  des jours, ma plume a voulu – cette fois-ci pour toi – produire plusieurs tonalités. Ainsi ai-je renoué avec la veine « décapante » des années 80 (4ème Ordre de poésie).

Toutes les photos de ce 18ème e-book proviennent de Dole ou de ses environs immédiats. Le titre « Rue du Val d’Amour » fait, pour moi,  simplement allusion à la rue dans laquelle habitaient mes parents à ma naissance et donc où, bien évidemment, j’habitai aussi, mais hélas quelques mois seulement. Comme insinué dans ces pages, il est incontournable que je revienne, un jour et en détails, sur cette époque. Démarches inscrites dans mes « comptes à rendre au long de l’immunité que le Temps m’alouera ». Notons que je revins vivre à Dole, ma ville natale, de Mai 1990 à Mai 1994.

Comme le temps des confidences induit ces fameux comptes que j’ai à rendre, et pour faire valoir mon « droit de réponse » ; de courtes pages autobiographiques apparaissent. Il en ira ainsi, crescendo, au fur et à mesure de mon avancée dans l’immunité dont le Temps commence à me gratifier. Est-ce à déduire que je retournerai à la prose, en remisant   cette   poésie  qui  m’a  kidnapé   en  1979, commençant à s’oublier sous ma plume alors que je ne lui avais jamais rien envié ? Pourquoi pas ? Mais la Musique aura sa voix à me chanter, avec bien des soupirs de reproche. Adonc, songeant sans préméditation à toi au tiers de rédaction de ce dix-huitème e-book, j’ai rajouté d’autres couleurs à ma palette ; signant le tout de mon pseudonyme – ce qui est un label de libre expression.

Mais je te dois les aveux que tu ignores – comme d’ailleurs les ignorent les trois quarts de mon lectorat. La Musique fut la passion de mon enfance et de mon adolescence – passion contrariée que j’évoque un peu dans ma « Lettre à Marie » (« Pertinences », pages 145 à 174). Cette Musique, grâce aux miracles du numérique dans le domaine de l’orgue classique, je la retrouverai. Ainsi donc, la rencontre en 1977 avec la littérature régionaliste grésilla pour moi comme un lot de consolation. Premier conte écrit : premier conte édité, dans un almanach. Puis la suite coula comme une routine pendant trois ans, heureusement enrayée par quelques brouilles locales qui me chassèrent du chauvinisme plumitif de palier. Je n’ai retrouvé de cette époque régionaliste que trois contes et nouvelles (repris au fil de mes e-books). Eclate en 1979 l’appel de la Poésie, après la lecture du Roman  inachevé de Louis Aragon... Il ne me reste que fort peu de pages de cette époque, les seules retrouvées sont préservées dans mes e-books. Conjointement à cette révélation de l’écriture poétique aragonienne, je fondais un bulletin trimestriel qui devint revue (1987-1995). Je donnai dans la négritude afin de rendre publiables des poésies  que me confiaient des auteurs – débutants ou canoniques. J’abandonnai le tout, entrevoyant que la presse écrite allait être concurrencée par des modes de diffusion à longue portée et plus instantanés. A partir de 1995 et jusqu’au printemps 2006 : silence de la plume, mis à part quelques notes ou édition papier de rares textes. Jusqu’à la fameuse lettre de Teresinka Pereira, m’écrivant des USA pour me prier de lui envoyer mon CV littéraire afin qu’elle me reçoive à l’IWA dont elle était la fondatrice et la présidente. Alors, puisque sollicité d’aussi loin, je repris la plume, cependant que survenait Internet et ses modes révolutionnaires de diffusion dont l’intuition m’avait été soufflée une décennie plus tôt.

Et  Novembre 2013 me voit décidé à « mettre de l’ordre dans mes papiers » : sortant de Dijon à cette époque avec trois e-books, je me retrouve en ce mois de Juin 2016, gardian d’un cheptel de dix-huit... Dont, Imène, ce dix-huitième qui apprécierait que tu l’apprivoisasses (imparfait du subjonctif).

Les confidences, maintenant ! La poésie m’a intéressé pour quatre raisons :

-l’occasion de faire de la musique avec les mots ;

-la provocation : elle est un mode littéraire minorisé, pas du tout commercial, et un sujet de dérision pour les « bipèdes » (mot prisé par Arthur Schopenhauer) ;

-mon principal défaut étant la paresse intellectuelle, je la prise fort, cette poésie, puisqu’elle réclame infiniment moins de mots que la prose ;

-elle est prétexte à communication avec des personnalités maniant ou célébrant cette poésie ; ce qui justifie les correspondances épistolaires que j’échangeai, par exemple, avec Pierre Seghers, Marcel Jullian, Professeur Jean Bernard, Jean-Paul Alègre, Jack Lang.

Disons que, pour moi, cette Poésie n’est qu’un sport de l’esprit - un gadget de la Communication. Jamais je ne la recherche. C’est elle qui me prend au collet, me forçant à noter les images ou les idées qu’elle m’envoie où que je sois. Il est toutefois à noter que ce 18ème e-book solde une fin de série. Toutes mes « affaires courantes » expédiées, je me fixe dès ce jour au plan supérieur nimbé de contemplation et de sérénité – mon internationalisme demeurant inchangé et conforté.

Et  la prose me demanderas-tu ? Ma réponse est catégorique : lorsque l’on a lu tout Simenon (27 forts volumes de 900 à 1500 pages) on estime que tous les romans, toutes les nouvelles ont déjà été publiés. Toutefois, je ne jure point ne jamais y revenir...Certes, foutaise que d’écrire des livres papier ou des e-books à dates de limite de consommation puisqu’un jour ils disparaîtront ! Mais la parabole des talents de l’Evangile nous enjoint de faire fructifier le moindre de ces talents reçus. Et puis, servant Dieu par des mots –fussent-ils périssables- il ne m’est pas futile de sacrifier, ludiquement, à cette poésie qui ne m’est qu’une habitude de créateur un peu malgré lui, et qui ne revendique aucun profit ni la moindre propriété. La prose que je prise le plus est celle de qui me la confie pour la relecture... C’est d’ailleurs une amie marocaine de ma période dijonnaise qui me conseilla : « Oui, tu dois rendre service bénévolement aux étudiants en relisant leurs thèses, mémoires et rapports de stage, comme tu l’as fait pour moi ! » Seconde réminiscence de l’Evangile : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ! ». Alors ce seul talent me suffit, puisque Dieu seul suffit et doit être le premier servi – avec mon prochain. D’ailleurs l’une de mes prières quotidiennes me vient de l’Islam :

 Dieu me suffit, il n’y a de Dieu que Lui. A Lui je m’en remets il est le Seigneur du Trône immense ! »

(Le Prophète – qu’Allah le bénisse et lui accorde le salut- a informé que rien ne pourra nuire à celui qui dit cela 3 fois le matin et 3 fois le soir. Rapporté par Abū-Däwūd. Extrait de Al-Ma’thûrât – Evocations et invocations traditionnelles – Français/Arabe avec translation phonétique – Ed. Tawhid.

Imène, donc, ce dix-huitième e-book est fait de sept chapitres de couleurs, de tonalités et d’impacts différents – certaines pages te dépayseront. Puisse-t-il t’apporter quelque motivation supplémentaire de te féliciter d’avoir choisi l’enseignement de la langue française, dans ton pays, l’Algérie ! Reste assurée de mon estime justifiée et de mes vœux de plénitude pour tous les domaines de ta  vie !                                                                                                               

 "RUE DU VAL D'AMOUR

E-book 218 pages dont 56 d'illustrations et de photographies.

www.nicolas-sylvain.jimdo.com

 

El Kala (Algérie) le lac Tonga.

El Kala.