Albert-Marie : un artisan des mots

DEDICACES

*

MĖDIĖVALE

                                                                  à Jean-François Bazin

(Ecrivain, Journaliste, ancien Président du Conseil Régional de Bourgogne)

 

La nuit dernière j’ai perçu comme un-e musique

              écrite en fa bienne mineur.

Je ne savais pas où j’étais.

Il faisait sombre.

Cela sentait la pierre humide.

Un petit air tout frais

              descendait d’un-e très hau-te cheminée

              perçant le toit au centre de la pièce ;

Une cheminée à ciel ouvert.

C’était dans une ville très connue,

Dijon, peut-être.

Je n’entendais pas un seul bruit

Non

Je devinais les bruits sans plus

              tapis dehors contre les murs.

Je pressentais le décor de la pièce

              bien avant de le découvrir.

D’abord

              tous les murs étaient tapissés

Tapissés de chaud, de froid,

              de doux, de dur, de noir, de clair,

              de blasons, émaux, partitions :

              croix, meubles et pièces, ra-bat-te-ments,

D’azur, de gueule, de pourpre,

              d’hermine, de vair, de contre-hermine,

              d’argent et d’or,

Tau de potence écartelé,

Alisé tiercé en perle,

Tiercé en pal, tiercé en barre…

Ah !

J’étais vraiment intimidé.

Et si je faisais mon blason ?

Hure sur argent ou sur sinople,

              ou bien sur pourpre ou sur azur ?

Mais hure, bien sûr, de sanglier.

Tiens,

              il faut que je le lui demande

              à elle.

Mais où est-elle ?

Il n’est que cette musique

              écrite en fa bienne mineur.

Au fait

              quel jour, quelle heure et quel an suis-je ?

              (et non « sommes-nous », je suis tout seul).

Je me sens bien, ni vieux ni jeune.

D’abord :

              jeune,

              vieux,

Que cela veut-il vraiment dire ?

C’est curieux

(je m’en aperçois tout à coup)

Je n’entends ne sens pas mon cœur.

Il me faisait si mal

              mon cœur,

Juste avant d’arriver ici.

J’ai même tout comme une impression

              de respirer à l’imparfait,

              de marcher de mémoire,

              et de penser au Passé proche.

Quel jour, quelle heure et quel an suis-je ?

Mais qui fait donc cet-te musique

              écrite en fa bienne mineur ?

J’arpente la pièce elle est immense.

Par terre, des dalles,

              je les sens roses quelquefois bleues,

Mais toujours rose et bleu timides.

J‘arpente la pièce elle est silence.

Et la clarté ?

              je la sens plus que ne la vois.

« Que ne la vois »

quelle tournure de phrase archaïque !

J’arpente la pièce, m’approche des murs.

Ils sont lambrissés sentent fort :

              l’aulne et le noyer ramageux,

              padouck et macacaouba,

              le zingara, le tulipier,

              citronnier, ében, macassar,

              l’amboine et la ronce d’Acajou…

Je ne connaissais pas ces bois

              ailleurs qu’ici.

Tiens, mais cela ressemble un peu

-pour la superficie, l’architecture-

Au Palais des Ducs de Bourgogne,

Aux cuisines des Ducs de Bourgogne.

« Il a neigé ma dame et j’ai tué six loups » *

Cardinal Jean de La Balue,

La Ligue du Bien Public,

1477 adieu le Téméraire !

Brr…

J’entends un air piteux joué sur le rebec et la guimbarde.

Il racle et vibre et nasille

              en marie majeure,

              en fanchon mineur,

              en fa bienne mineur.

J’ai dû boire beaucoup de Nuits trop de Pouilly…

La nuit dernière j’ai perçu comme de la musique

              écrite en fa bienne mineur.

Je ne savais pas où j’étais.

Fa bienne mineur

Quel drôle de ton !

Qui sonne comme un prénom de femme.

Les femmes, il faudrait que je m’en méfie,

Ne pas les idéaliser,

Cristalliser sur elles 

              mon affectivité souvent contrariée…

Mais le pli est pris,

Il est même très amidonné ;

Alors je suis toujours aimant,

Mais j’avance des barrières

              pour ne plus trop souffrir.

Fa bienne mineur,

Fa bienne majeur,

Fabienne tout court…

Avec ou sans des restrictions

              mon écritoire reste gagnante…

Coucou Louis XI !

S’il va neiger ma Dame je te ferai six loups !

Sylvain est un sacré pél’rin !

*Louis XI à la Reine, alors qu’il se rendait en Bourgogne.

 

Extrait de "LES ARBRES HORS DU TEMPS"

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Geo Dumitrescu - Bucarest : 1920-2004 - Poète et écrivain roumain.

DANS LE JARDIN PUBLIC…

                                                    A Geo Dumitrescu

Que puis-je pour vous ?

Entendis-je tout- à- trac et dans le noir

             à quelques jets de mon manteau demi-saison.

C’était un soir de mars

             humide et gris porté sur la bourrasque.

Que puis-je pour vous ?

La voix avait le ton anodin et pressé

             d’une voix croisée au fond d’un quai de gare.

Seulement là devant moi

             ne passait que le train des heures.

En plus c’était vingt-et-une heure,

             au tréfonds d’un jardin public sous fréquenté

             pour raison d’heure avancée et de semi gros temps.

Que puis-je pour vous ?

Hulula presque la voix.

Je regardai le buste noir de Picasso

             retiré dans la verdure

             retirée dans le crépuscule de mars.

Non, ce n’était pas Picasso !

Pourquoi d’ailleurs

             aurait-ce été lui ?

Et de plus en hululant…

Je fis taire ma muse lyrique.

J’empochai ma verve valaque

             empruntée elle-aussi

             et regardai plus aiguëment

             choir lentement la fin de mars.

Le jardin Eminesco ?

C’était dans un long mois d’octobre.

Et près de dix-sept ans plus tôt.

Et à cette époque-là en Roumanie

             nul outrancier besoin de voix

             me demandant fraternellement

ce qu’on pouvait bien faire pour moi.

Je faisais plutôt envie

avec Edith à mes côtés

Edith, motivée, amoureuse

             et ses dix-neuf ans décidés.

Ce soir de mars quatre-vingt-sept

             la Divinité blonde et cendrée

N’était plus là pour se lover

             haute et fine et racée

Tout contre moi et contre tous.

Non, j’attendais la Fée !

Qui d’ailleurs à Gentilly tout comme ailleurs

             n’en faisait qu’à sa tête de Fée !

De Fée toute rouge et contrariante ;

             de Fée de tête et métallique

             venant d’abandonner son cœur

             dans une rame du RER…

Oui, j’attendais la Fée,

             la Fée bleue qui ne savait pas

que

             dans le gros temps de ma trentaine :

je l’aimais aussi de mon vivant…

Gentilly (Val de Marne), Jardin Picasso – Mars 1987.

Extrait de "COEUR SANS FRONTIERE"

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LAISSEZ TOMBER !

 

à Géo Dumitrescu

L’air débonnaire passant par Saint-Apollinaire,

J’ai bien failli choir du haut de toute ma toise.

Mais choir je ne sais trop comment.

J’aurais pu choir en haut

(mais pas en bas car c’est un pléonasme.

Et par ailleurs en éclatant par terre je me serais fait remarquer).

Choir est un art,

                incontestablement.

En vérité et pour plus de sincérité,

J’aurais voulu choir en mode

                transitif direct.

Choir quelque chose car je me sentais un peu lourd.

Et puis le Bourg historique et racé de Saint-Apollinaire

                me donnait des envies de romantisme

Où ce qui compterait le plus pour l’heure

                serait d’entendre un impromptu pour piano de Schubert.

Mais l’entendre là-bas sur place

                filtrant ses notes en bas de la fenêtre

Haute et large et ancestrale,

                d’un manoir tout absorbé dans l’ombre des épicéas.

Sous le plein soleil carabiné de cet après-midi de Juin,

                c’est déjà l’été que j’aurais voulu choir,

Pour m’alléger dans un moiré brouillard d’automne.

(C’est fou ce que l’on peut traîner

                ce qui ne nous appartient pas en propre :

Toutes ces idées, tous ces système, ces politiques

                que l’on vous a jetés dessus en ne songeant pas un instant

Si tout cela vous convenait vraiment, était bien fait pour vous !)

C’est en automne que je respire le mieux.

Les chaleurs imbéciles d’été ont enfin eu toutes les apoplexies ;

Il n’y a pas encore la bise glacée

                pour vous couper le museau en morceaux ;

Et toutes les pluies débiles de Mai

                ne sont plus là pour noyer vos espoirs.

En automne je suis léger, sans plus rien de fâcheux

                ni de lourdaud

A laisser choir sur le tapis des feuilles

                jaunes, auburn et lie de vin

Que les arbres ont laissé pour s’alléger,

                pour jouer d’autres rôles

Au grand Théâtre de la Création.

Tourbillonnez, feuilles d’automne et notes de piano

                dans le vieux bourg de Saint-Apollinaire !

C’est une question de vie pour moi

                qui ai dû me tromper de chemin quelque part…

Ou bien encore je suis parti avec un sac-à-dos

                bourré de handicaps et de mauvaises raisons.

C’est souvent ça la vie :

On vous a chargé sur le dos un plein d’idées reçues et de critères

Que vous allez jeter le jour où vous devez survivre…

Bien entendu l’on brandira des interdits

                -des proverbes, des maximes, des sentences,

Des versets falsifiés d’Evangile-

Afin de vous incruster dans la tête

                que votre seul devoir est de subir

La vie que tous les autres ont décrétée pour vous…

Même les actes réels de Iéshoua’ le Nazoréen

                ont été détournés, falsifiés, exploités

Par une « Eglise » de mercenaires !

Egalement :

Iéshoua’ n’interdit pas son royaume aux gens heureux…

« Porter sa croix »

-pour l’homme-

C’es supporter son poids de corps mortel :

A chaque vie suffit sa peine !

Car à trop charger vos épaules

                vous deviendriez le haineux de la Foi

-ridé, figé, coincé, constipé.

Laissez tomber les doloristes, les passionistes,

Les calvairistes, les masochistes

Qui vous imposent un marchandage :

Votre malheur sur terre pour un bonheur dans l’autre monde…

Iéshoua’ « ressuscitant les morts »

                rendait en premier lieu la vie aux morts-vivants de l’âme ;

Il en faisait des « initiés »,

                des hommes en début de la Connaissance…

Laissez tomber les astucieux faussaires !

Laissez tomber les névrosés !

Laissez tomber les nécrosés de l’âme !

Prenez bien garde car

                on vous a lavé le cerveau vous avez été programmé :

Vous êtes un mort-vivant !

Mais patientez, mais patientez

Si vous n’avez pas encore la force de vous émanciper !

Tout va changer plus vite que vous pouvez le supposer.

Ah ! C’en sera bientôt fini de toutes ces repentances

                aux monuments aux morts ;

Vous n’aurez bientôt plus la vie empoisonnée

                par le devoir du souvenir des massacres d’hier…

Patientez donc un peu vous connaîtrez enfin le sens

                du mot VIVRE

Et celui du mot-clé ouvrant le portail de la Vie :

CONSCIENCE !

Extrait de "PERTINENCES"

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Jack Lang, Ministre de la Culture, 19 Juillet 1982.

 

LA CULTURE

à Jack Lang, Ministre de la Culture.

Immense utilité, multicolore espace,

Cette Culture ayant même son ministère !

Il faut, des arts nombreux, le pré-ci-eux mystère,

Pour donner sa raison de vivre à toute race.

Et rien n’est plus navrant que d’engrosser la masse,

De filer, quelquefois, l’anonyme misère,

Comme l’on suit penaud, la voix qui désespère.

Ah ! Couleurs, notes, mots faisant au noir la chasse !

Com-mu-ni-er avec les gens, peut décevoir.

Est téméraire hélas, le cœur qui, seul, veut voir :

On croyait une porte…il n’y a qu’un grand mur.

L’actu-a-li-té a souvent figure immonde.

Quand j’ouvre ma fenêtre et que l’air gifle dur

Je demande à mes vers d’édulcorer le monde…

23 Septembre 1988.

 

_______

 

 

POUR JUSTIFIER L’HUMANITE

 

Malraux disait :

La Culture…

                ce qui a fait de l’homme

                autre chose qu’un accident de l’univers.

Pas de vie vécue sans Culture.

Ou vie « Travail-Famille-Patrie »

(« Travail-Famille-Caveau d’famille »).

Une vie bête et vague et vide

Et dont pâtiraient les enfants.

Pas de vie vécue sans Culture !

Célébrons la littérature !

Sans la littérature

                il n’y aurait pas eu de Voltaire

                -et pas d’avocat pour Calas-

Sans la littérature

                il n’y aurait pas eu de Zola

                -et pas d’avocat pour Dreyfus-

Et j’en passe et j’en passerai.

Rendons à la littérature

                sa paille et son grain !

Quant à la poésie,

Un Bourguignon, un grand disait : »

« Ah ! Monsieur,

On ne se méfiera jamais assez

de la poésie ».

Marcel Aymé, Zola, Voltaire,

Malraux et d’autres grands Français

                ont écrit ce mot « Culture »

                avec un C, un grand croissant

Pour justifier l’humanité.

 

Layla Al Sayed - Poète (Royaume du Barheïn).

TRAVEL STOPPED . . .

Hello Layla

Close to the bottom of the world!

Hello Layla

Close to the bottom of the waves!

Hello Layla

Close to the bottom of the waters!

Hello Layla

Close to the bottom of the light!

Hello Layla

Close to the bottom of the cloud!

Hello Layla

Close to the bottom of the page!

Hello Layla

Close to the bottom of the word!

Hello Layla

Close to the bottom of the smile!

Hello Layla

Close to the bottom of the eyes!

Hello Layla

Close to the bottom of the sigh!

Hello Layla

Close to the bottom of the bodice!

But now I stop the poem;

Yes, I do not have a passport

to continue this voyage.

 Or: diplomatic incident!

 

Georges Plaisance fut Ingénieur-en-chef des Eaux et Forêts, auteur de nombreux ouvrages sur la Forêt. Il se retira à Dijon.

RETOUR  AUX SOURCES

 

                                                                                 à Georges Plaisance.

C’est dans les forêts que ma plume dompte

Le mieux, tous les mots qui sortent, bretteurs,

De mon esprit chaud prisant les vigueurs,

Les combats durs que, précis, je décompte.

L’arbre est mon témoin et sous lui je monte

L’ébénisterie de mes vers frondeurs.

L’haleine des bois teinte mes rancœurs

Et plus d’une fois, même les démonte.

La nature sage est à la raison,

Quelquefois injuste, un contrepoison ;

Elle désavoue la muse méchante.

Si je le pouvais, je vivrais heureux,

Reclus, n’écrivant que sonnets fameux.

Je deviendrais ce sylvain que me hante…

17 Septembre 1988.

Teresinka Pereira, Fondatrice & Présidente de l'IWA (Toledo, USA)

TERESINKA

 

¡Feliz es la que

             en lugar de ronronear

             en medio de sus títulos,

             en medio de sus diplomas,

             en medios de sus decoraciones,

             en medio de sus cartas de enhorabuena,

             en medio de sus poemas ;

Los comparte con el mundo entero!

¡Feliz es la que

En lugar de hacer la avestruz

             en medio de los ruidos del mundo,

pasa a ser el eco

             de los ruidos del mundo

Para calmar los ruidos del mundo!

¡Feliz es la que

             en lugar de contemplarse

             en su espejo,

está en communión

             con espejo de los otros !

¡Feliz es la que

             en lugar de pensar solamente en sí misma,

    ocupa aun sus fines de semana

             a responder a los mensajes electrónicos

que le llegan del mundo entero!

¡Feliz es la que

             en lugar de vanagloriarse

             de recibir correos oficiales

va a leer mi pequeño mensaje!...

 

Lunes de 26 de Agosto de 2007 (Dijon).

Pierre Seghers, poète, éditeur (Paris : 1906-1987)

 

MANIFESTE DE FLORICA

(Mercredi 18 Novembre 1987)

 

Monsieur Seghers

Il fallait que je vous écrive.

J’avais bien préu de vous rencontrer

            au printemps prochain,

Et puis vous êtes parti.

Je me sens plutôt bien seul

Avec un reportage que je publie *

            mais qui n’est pas de moi.
Avec vos toutes dernières photographies .

Moi, commme d’habitute,

            je ne vois que par photographies,

            je ne vis que par ouï-dire ;

Enterré que je suis au cloaque à cloportes

            duquel je fuis de temps en temps pour la Bourgogne.

Ah ! Etre né en 1900,

Au siècle d’Eluard et d’Aragon,

            au siècle de Prévert

            et au siècle de vous !

Mais je suis né loin de Paris où mon père était né ;

J’habite à Grebauluc par Saint-Calot

Et je connais la répression,

            l’excluision, la haine des autochtones.

C’est mon égérie du moment

-Fabienne dite « Petit Faon »-

            que vous avez reçue tantôt

Quelques jours avant votre départ pour l’Autre-Dimension.

Toutefois soyons lucides :

L’homme est mort mais pas le nom de l’éditeur

-encore moins celui du poète-

Qui donc êtes-vous pour moi

            qui ne vous ai rencontré

            que par égérie interposée ?

Vous êtes un monument, le monument :

Monument français de l’édition

            de la poésie contemporaine.

Mais le temps est venu

            pour les monuments,

De se retirer au Parnasse,

D’aller frapper chez Dieu le Père,

Enfin quoi, de passer à la

            postérité.

Vian, Brel, Brassens et Pierre Seghers :

Hécatombe et désolation !

En plus les moules semblent cassés.

Vous étiez indulgent

            face au patrimoine poétique contemporain.

Vous étiez gentil aussi,

Brassant le superflu et l’essentiel.

Parlant de diversité

            là où je vois pléthore.

Vous étiez un très grand apôtre

Moi je ne suis qu’un mousquetaire.

Vous avez connu la guerre

Mais l’amitié, mais l’amitié,

La complicité,

L’idéal commun.

Il ne me reste que la paix et la duplicité…

Autre temps, autres mœurs et je déteste mon époque.

Fini de penser

            il faut vivre pour paraître :

Paraître ou ne pas paraître :

            ça c’est la première question.

Vous étiez poète casqué,

Moi je suis poète sous la botte

            des compatriotes…

Autre temps,

            autres mœurs !

Oui je connais une autre guerre :

Nantis contre nantis,

Nantis contre indigents,

Indigents contre indigents.

En 1987.

La donne n’est pourtant pas nouvelle,

Disons qu’elle est plus précise,

Plus précise et plus présente,

Omniprésente et plus tenace.

Autre temps,

            autres mœurs !

Je ne suis pas un révolté,

            encore moins un marginal ;

Çà ! Non, je suis en plein dedans,

Il ne fallait donc pas m’y mettre.

Je suis un tacticien, je fais avec.

J’y suis, j’y reste et j’entends bien

            surtout ne pas perdre mon temps.

La poésie ? D’accord !

Mais :

Priorité à la musique !

Priorité à l’essentiel !

Et les innovations comme le fit Aragon !

Et que passent bien devant

            ceux qui ont quelque chose à dire !

Cela éliminera beaucoup de gens…

Et je n’en reste pas là je continue :

Peu à peu ne tenons compte

Que de ceux qui vivent pour écrire

-et non l’inverse-

Ceux qui vivent contre tous,

Ceux qui vivent contre tout.

Qu’on se renseigne :

Je ne fais pas preuve là

            de condescendance.

Je ne suis qu’un moins que nanti.

Jalousé par les pouètes-pouètes des emblavures ;

Haï par les ratés chenus :

« Ce Nicolas Sylvain il faut le démolir ! »

Dixit un qui reposera bientôt

            sous le poids mort aussi

De la dalle des oublis.

Et loin d’ici dans ce Paris qui brû-le-ra bientôt ;

Que donne ou ne donne pas le ministère de la Culture,

Avec ou sans lui je donnerai.

Qui m’aime me suive !

Qui ne m’aime pas me laisse !

Et que les adversaires

            supportent mes bordées cinglantes !  

 

Monsieur Seghers,

Il fallait que je vous écrive.

A droite de mon  bureau-ministre :

Une photo, la vôtre,

A gauche du même bureau-ministre :

Une photo de l’égérie.

En face de moi, la machine à écrire et du papier.

Dans mes tiroirs, les manuscrits des autres

Et pas un sous pour le moment :

Bref ! La grande école.

Monsieur Seghers

            vous étiez

Pèlerin de la Poésie.

Moi je suis serf de la Culture,

Mousquetaire de la Poésie

            avec rapière, et tout et tout.

Je ne suis pas toujours un tendre,

Plus artisan qu’artiste ;

Qu’il vente ou qu’il neige

            ou que donne le soleil.

Avec ou sans une égérie,

Avec ou sans disciple.

Je suis monolithique.

J’essayerai bien sûr d’être digne

            du formidable message culturel

Altruiste

Que vous nous avez laissé.

En attendant, assez de bavardage :

Au travail !

Ecrit sous le pseudonyme de Nicolas Sylvain, en forêt domaniale du Pochon (Côte d’Or) entre Maison-Dieu et Saint-Symphorien-sur-Saône, mercredi 18 novembre 1087 vers 15 h.

*Reportage paru dans la revue trimestrielle FLORICA, n°21.

Sigrid Becher est journaliste allemande.

ANTWORT AUF EINE FRAGE

                                                              für Sigrid Becher

 

Das Wasser fließt unter der Brücke hindurch

Und ich zieh an der Zeit entlang.

Das Wasser wird lange unter der Brücke hindurchfließen,

Und ich werde lange an der Zeit entlangziehen.

Und wenn ich nicht mehr an der Zeit entlangziehen werde,

Das Wasser wird weiter unter allen Brücken der Welt hindurchfließen.

Und das kann noch Jahrhunderte andauern:

Wasser, Wasser, Wasser

Unter Brücken, Brücken, Brücken.

Aber wer verschwindet schließlich wirklich?

Und wer wird für immer verschwinden?

Aber wer wird schließlich wirklich verschwinden?

Aber wer wird wirklich bleiben?

Wird jener bleiben, der von der anderen Dimension aus,

Wird das Wasser unter den Brücken der Erde hindurchfließen sehen.

Auf der provisorischen Erde.

 

Sonntag, 6 Januar 2008.

Paru dans „Die Brücke“ – XXVII. Jahrgang, Heft 148 – Mai-August 2008/2

___________

 

 

 

REPONSE Á UNE QUESTION

 

 

L’eau coule dessous les ponts

Et je passe le long du temps.

L’eau coulera longtemps dessous les ponts

Et je passerai longtemps le long du temps.

Et cela peut encore durer des siècles :

De l’eau, de l’eau, de l’eau

Sous les ponts, les ponts, les ponts.

Mais enfin qui passe vraiment ?

Et qui passera pour toujours ?

Mais enfin qui passera vraiment ?

Et qui restera pour toujours ?

Restera celui qui, depuis l’Autre Dimension,

Verra couler l’eau sous les ponts de la terre.

Sur la terre

         provisoire.

Dimanche 6 Janvier 2008 – Dijon.

*

 

I AM UNDER ARREST…

 

                          Au Prince des Poètes Mohamed Selmi

                         alias d’Anselme.

 

Des pages de l’Imitation de Jésus-Christ ;

Un CD de Serge Gainsbourg ;

Un roman de Georges Simenon ;

Rencontre des neuf heures station Hugues III pour le bus 4

Contre les yeux de Samantha

-étudiante en musique au Conservatoire de Dijon-

Simple routine pour moi qui colle

                   Illico au col des girls

Students – bien évidemment ;

Mais  sans bander car il fait froid ce matin 7 de Mars ;

Samantha est longue et fine un peu châtaine

Au-dessus d’une maxi-jupe noire et fripée ;

C’est mon dimanche matin :

Troisième Dimanche de Carême.

I am under arrest

A voir ce qu’autrui ne saurait voir.

I am under arrest

Avec mon alchimie traitant les laideurs polymorphes.

I am under arrest

Pour câliner les belles petites nouvellement majeures

Qui ne demandent pas mieux.

I am under arrest

Pour entrevoir le lendemain des autres.

I am under arrest

Pour m’être dédomestiqué.

I am under arrest

Pour apprécier ma compagnie.

I am under arrest

Pour vomir sur les étiquettes.

I am under arrest

Pour brocarder le cubénisme qui tuerait Dieu à petit feu

           si Dieu n’était pas Dieu.

I am under arrest

Pour placer le Coran près de la Bible.

I am under arrest

Pour composer des pages érotiques et torrides

en ressassant les seins les cuisses

                       de cette belle extra-européenne (no comment!).

I am under arrest

Pour manger de la viande halal.

I am under arrest

Pour ne pas bander que français.

I am under arrest

Pour ne plus rimailler sous les lambris

des écrivaillons

régionalo-fascho-cireux.

I am under arrest

Pour pisser sur les photographies des nouveaux dictateurs

                   du Nouvel Ordre Mondialiste,

  et  de  ses pantins décorés,

et de ses mémères médaillées.

I am under arrest

Pour ne plus défiler avec les imbéciles heureux

                   qui sont nés quelque part.

I am under arrest

Pour ne plus tapiner aux asexués salons du livre.

I am under arrest

Pour ne plus m’étaler entre les feuilles de choux aseptisées

Des canards départementalo-régionalo

et nationalo  racistes.

I am under arrest

Pour m’étirer en liberté sur les couchettes de l’Internet

Douillettes et nanties de minettes qui câlinent les poètes.

I am under arrest

Pour pratiquer l’ebook et manifester sur la toile.

I am under arrest

Inconnu des connards du cru

Mais communiant au vaste Monde.

I am under arrest

Pour être fier de la vraie France

         -momentanément frappée d’éclipse.

I am under arrest

A vouloir épouser une fille arabe

Beaucoup plus jeune que moi.

I am under arrest

A faire sans mal de la musique avec les mots.

I am under arrest

A vivre en vie au loin des morts-vivants

                   de l’esprit, du cœur, de l’âme

Et du reste…

Moscou – Monastère de la Rencontre : Construction d’une grande église avec coupoles dorées. (Crédit photo : Nadejda Vassilièva, reporter-journaliste)

                             À NADEJDA VASSILIEVA

 

Je parlerai,

     de-ci,

     de-là,

     de ceci,

     de cela ;

Nanti d’un long visa

     valable pour la vie.

L’aujourd’hui me tend  la Russie,

Prompt je la saisis.

J’ai la pensée multiple

     et l’esprit modulable.

La vie vive est évolutive,

Je resterai un vivant vif.

Apôtre et lettré numérique,

J’ai le Monde à portée de plume.

___________

 

Pages extraites de l'e-bookographie complète (28 titres) sur :

www.nicolas-sylvain.jimdo.com

 

*

Hend Zouari (Crédit photo : Facebook).

 

ET DIEU CRÉA LA FEMME...

 

              pour Hend Zouari

 

J’ai toujours été motivé

            pour les belles étrangères.

Et cela continue.

Et cela ne finira plus.

J’ai certes un penchant national

mais le cœur international ;

(je veux dire que de père de mère je suis

« Catholique et Français toujours ») ;

mais très œcuménique et libéral et Citoyen du Monde

-comme précisé dedans la face de bouc de mon Facebook-

Je suis prémuni des ornières

            du chauvinisme et du racisme et autre cubénisme.

N’ayant de comptes à rendre,

je n’aurai donc jamais à prendre

            quelque préservatif de précautions

pour écrie urbi et orbi

            tout ce que je me suis promis d'écrire.

Acta fabula est, alea jacta est * :

Présentations sont ainsi faites, ainsi soit-il !

Par ordre alphabétique céans je cite

            incontinent tous les Pays  d’où s’en venaient

les femmes accortes et dignes de ce vocable

que j’ai rencontrées, côtoyées,

            célébrées ou câlinées :

l’Algérie, l’Allemagne,

l’Angleterre et le Brésil,

l’Espagne, la Hongrie, l’Iran,

le Maroc et la Norvège,

la Roumanie, la Russie

et la Tunisie,

sans oublier les USA.

Et Dieu créa la femme sans la parquer dans un parti

-ni dans la moindre secte-

Qui séviraient un jour au-travers de la Terre

            régimentée par des pervers.

Et contrant cette apostasie

j’apprécierais pour les vraies femme-

           -libérées-

la Journée de la Femme

répétée tous les jours de l’année.

 

 

___________

*la farce est jouée, les dés sont jetés.

Vendredi 18 Décembre 2015.

 

CHANSON POUR JOHANNA

 

                                             (à Johanna Zeul)

 

Petit Écureuil de Berlin,

De ton Pays je me souviens.

Je reverrai la Forêt Noire

Pour y semer des mots de moire.

Intraduisibles sont mes vers :

Car musique et la rime opèrent

Comme un blocage aux traductions

Trahissant leur juste expression.

Mais pour mes lecteurs francophones,

Sur le Net ma voix n’est aphone ;

Ma voix chantant sur le papier

Et qui, au loin, peut s’égrainer.

Ma voix est d’un germanophile ;

Aussi s’alliera-t-elle au fil

De la tienne en ta vidéo,

Et nos voix s’écriront « hello ! » :

Hello le Monde enfin nouveau

Qui porte l’hier au tombeau ;

Qui nourrit de vie l’aujourd’hui

De qui demain sera pétri.

En tant que chantre de l’éveil

Souvent pour l’oraison je veille.

C’est ainsi, Petit Écureuil,

Que pour  toi mes vers se recueillent :

Vater unser im Himmel !

Gegrüßet seist du, Maria ! *

Accompagnez Johanna ;

Sans Vous ne la laissez pas !

(Talant, Côte d’Or,

Lundi 25 Janvier 2021)

Johanna Zeul : Hallo Leben!